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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 12:55

Mohamed Sellam

Sellam06@hotmail.com

0021696068585

LETTRE OUVERTE  AUX DIRIGEANTS ARABES

ou

LA CRISE DE LA CONSCIENCE POLITIQUE

Par Mohamed Sellam

Professeur d’Université.

 

            Le pouvoir absolu est-il efficient pour la construction d'un Etat moderne? Il est évident que l'absolutisme du pouvoir ne mène à rien, puisqu'il est de nature à entraver toute forme d'initiative et de progrès. C'est un obstacle  à la prospérité sociale du fait que cette dernière ne s'épanouit qu'à la faveur de la liberté, principe fondamental dans tout Etat politique et sans lequel rien ne saurait vivre et prospérer. Détenir jalousement les rênes du pouvoir, être l'unique centre de décision et le moteur de toute chose, faire de la démocratie, qui est à coup sûr  le fondement authentique de toute vie  laborieuse,sa propriété exclusive, cela revient en effet à imposer un frein à la marche du peuple et à l'acculer par là même à végéter dans l'ignorance et la misère. Certes la dictature est un phénomène bien répandu de nos jours, en particulier dans les pays qui viennent de s'affranchir, au prix de durs sacrifices, du joug du colonialisme aveugle, pour tomber ensuite passivement dans le giron d'un autoritarisme politique plus cruel et plus despotique encore, puisque, si l'étranger s'approprie vos biens, s'attribue le droit exclusif de gérer le pays tout en pensant à ses propres intérêts et en contrepartie, vous octroie la liberté de disposer de vous mêmes, n'entravant en aucun cas votre marche en avant, contribuant même avec plus au moins de sérieux à l'épanouissement de votre talent et à l'éclosion de vos idées, le pouvoir actuel, outre qu'il vous spolie de vos droits et vous accule presque à la disette, tue en vous toute volonté, torpille votre énergie et vous empêche même de vous exprimer et d'avoir une position franche sur les problèmes nationaux qui  touchent le système social et politique de la nation.

            Donc il demeure incontestablement vrai que la dictature politique, au lieu d'exercer un contrôle strict sur tout ce qui intéresse l'Etat et d'assurer à celui-ci dynamisme et vigueur, favorise la prolifération des problèmes à tous les niveaux et ne contribue en rien à la croissance économique et sociale.

            Le peuple à besoin de respirer, de vivre dans la paix et la liberté, de participer directement à la politique du pays et d'être consulté par tous ceux qui veillent à la destinée du pays, il n'a que faire d'être relegué au fond de l'oubli, il est désormais en mesure d'exprimer, loin de tout chauvinisme sentimental et des passions puériles, son opinion sur toutes les affaires de l'Etat.

            D'ailleurs les libertés politiques et civiles sont- elles effectivement garanties? Si l'on se penche de plus près sur ce problème crucial, l'on s'aperçoit à coup sûr que toutes les libertés sous toutes les formes ne sont absolument pas assurées ni protégées par des lois et même si l'on suppose que la constitution en faisait état et qu'elle les garantit à tous les citoyens, sans discrimination aucune, lorsque l'on en arrive à la pratique, l'on se rend compte avec douleur que cela relève de l'utopie, car les libertés, si elles ne sont pas le plus souvent bafouées et violées par des actes pour le moins tyranniques, elles sont désavouées, voire totalement méconnues par le pouvoir, qui accapare à lui seul, ces libertés qu'il dénie farouchement aux citoyens.

            Il est vrai que les libertés ne s'offrent pas pour ainsi dire sans effet, mais qu'elles doivent au contraire être acquises par des luttes interminables, cependant notre nation, qui fut exploitée et meurtrie pendant des décennies sous la tyrannie du colonialisme étranger, qui fit preuve pour le moins qu'on puisse dire d'un impitoyable et irréductible despotisme, cette nation dans son ensemble a inlassablement combattu, au point d'en arracher avec honneur son indépendance totale. Cette gloire, c'est au peuple seul qu'elle revient, c'est à ce peuple, artisan de son propre destin, que l'on doit rendre un vibrant hommage, pour les nombreux sacrifices qu'il a consentis pour sa délivrance finale. A présent, c'est au peuple qu'il incombe d'arracher les libertés dont il a besoin pour vivre et s'assurer les progrès nécessaires à sa survie en ce monde difficile. Depuis bien longtemps que l'étranger a bien évacué le sol national, c'était aux yeux du peuple, l'avancement d'une nouvelle ère de bonheur et de prospérité, mais voilà que l'on se détrompe et que l'on s'aperçoit avec une profonde tristesse qu'il n'en est rien, que l'indépendance arrachée, qui devrait garantir au peuple honneur et liberté, n'est en réalité qu'une chimère, une illusion, une vision éphémère qui s'est évanouie dans les longues suites de la souffrance et de l'oppression.

            L'homme dans ce régime autoritaire, n'est plus qu'un instrument passif qui doit obéir sans réticence, si non c'est la fin qui doit l'attendre aux portes de l'enfer, dans ces sombres caveaux ,où séjournent actuellement des prisonniers qui ont osé dire avec courage et détermination qu'ils n'accepteraient ni la tyrannie ni l'arbitraire, en réclamant à haute voix l'instauration des libertés politiques et civiles, de la justice sociale, la répartition équitable des revenus, la participation active du peuple à la prise des décisions, la suppression de la censure, la promulgation des lois justes appliquées à tous les citoyens sur le même pied d'égalité, sans distinction, l'abolition enfin des privilèges que l'on octroie à des gens sans mérite, parce qu'ils affichent hypocritement un esprit de fidélité et de loyauté aveugle  à l'endroit du pouvoir en place, ou parce qu'ils s'épuisent en éloges flatteurs, déplacés et mesquins, qui sont autant de hontes aussi bien pour ceux qui les disent que pour ceux qui les écoutent.

            D'ailleurs les dirigeants actuels ne sont-ils pas mus  par une sorte d'égocentrisme manifeste? L'amour du pouvoir, l'obstination que l'on a à ne pas vouloir céder à des compétences nationales le sceptre de l'autorité, cette propension étrange à vouloir être adulé et comblé d'éloges même fallacieux,ce goût maladif pour le culte de la personnalité,ce comportement pour le moins bizarre n'est motivé que par un égoïsme morbide, un amour-propre hideux, un sadisme latent qui aspire en fait à être entretenu par la misère populaire, le mépris des valeurs humaines, la méfiance que l'on voue à tous les talents politiques du pays, qui émergent pourtant dans l'ombre, de peur d'être menacés et perdus à jamais, l'attachement que l'on manifeste délibérément à vouloir mettre en exergue des qualités factices et dérisoires, ce sont là en effet les vraies caractéristiques de l'égocentrisme politique, qui n'a qu'un seul but, c'est de se perpétuer dans et par le pouvoir, pour en faire un instrument répressif, car l'essentiel pour ce phénomène , c'est encore vivre aux dépens de la volonté populaire, qu'il a déjà impitoyablement muselée , puisque, en dépit du marasme social, des carences dont souffre l'économie nationale, de la misère qui sévit dans le pays, cet état de choses continue pourtant à se perpétuer irrémédiablement. L'égoïsme hideux, inhumain, impitoyable, dont font preuve la plupart des dirigeants, tue tout esprit de progrès et contribue sur une grande échelle à propager l'ignorance et le paupérisme parmi les masses du peuple.

            A qui incombe alors la crise socio-économique qui sévit actuellement dans le pays? Si ce n'est à cette attitude vaniteuse et égoïste qu'affichent les responsables politiques actuels? Cette crise n'est pas due du tout à des facteurs exogènes, la crise ne tombe  pas du ciel pour venir s'installer douillettement là où elle veut, elle est plutôt née dans le pays, en fonction des données politiques dont ils sont les artisans, faisant ainsi surgir des éléments endogènes qui se sont conjugués pour favoriser l'explosion finale d'une telle crise qui a terriblement secoué en particulier les couches défavorisées de la société.

            Les calculs des dirigeants  actuels sont faussés par la réalité, une réalité terrible, difficile à croire, mais c'est quand même la réalité toute nus et celui qui refuse d'y croire, serait probablement sous l'influence d'une chimère qu'il  entretenait  longtemps dans les replis de ses pensées.

            Oui la réalité que nul pourtant n'ignore, s'accentue de jours en jour, pour faire voir à tous qu'il ne suffit pas d'avoir le sceptre de l'autorité pour gouverner, gérer, administrer sainement une nation, il y a encore d'autres critères qui font de nos jours gravement défaut, c'est l'amour de la patrie, un amour réel, authentique, pur et non pas cet amour qui est né de l'hypocrisie et de l'égoïsme, c'est aussi le sacrifice de soi pour les causes nationales, en mettant au premier plan, en quelques circonstances que se soit, l'intérêt du pays et du peuple. Si nos hommes politiques avaient fait preuve de ces qualités primordiales, s'ils avaient pensé avant tout au pays et non pas à eux-mêmes, nous n'aurions évidemment pas souffert des conséquences néfastes de la crise actuelle. Si le peuple souffre à présent sous le poids de la misère et de la contrainte, ceux qui détiennent le pouvoir en sont épargnés, ils sont loin en effet d'imaginer les affres de cette crise qu'ils traitent du haut de leur tour d'ivoire.

            Ils ont provoqué cette crise, par leur nonchalance, leur absence de dynamisme, leur inaptitude à prendre des décisions équitables, leur manque d'ardeur et d'amour pour le peuple, et enfin par l'incapacité où ils sont de gérer les deniers publics avec une rigueur rationnelle et une compétence authentique.

            Les dirigeants qui prétendent être de vrais patriotes, qui luttent dans l'intérêt du peuple et pour le progrès du pays, ces dirigeants savent- ils vraiment ce que c'est que le patriotisme.

Le patriotisme n'est pas le pouvoir; ce n'est pas parce qu'on est investi du principe d'autorité, qu'on peut se dire patriote, au contraire, l'autorité ne confère en aucun cas l'esprit de patriotisme, elle agit plutôt dans le sens inverse, en corrompant, en tuant dans l'individu toute dignité et tout honneur. C'est en effet à ce moment que le vrai patriotisme apparaît dans toute sa pureté, c'est à l'issue de cette lutte interminable entre l'amour du bien et l'inclination instinctive vers le mal, c'est un combat que l'individu se livre en lui- même, pour se montrer en fin de compte vainqueur ou vaincu, le vainqueur, c'est celui qui s'attache de manière exclusive à servir sa partie avec honneur et abnégation, c'est celui  qui se manifeste en tout évidence l'amour de la justice, la vertu, le désintéressement, le sacrifice de soi pour le peuple qui l'a mis ainsi au sommet du pouvoir, en l'investissant d'une confiance aveugle, c'est aussi être nanti de grandeur d'âme et de noblesse d'esprit, qui stimulent en lui les actions les plus insignes.

            Le vaincu, c'est celui qui se laisse entraîner par l'amour de soi, c'est celui  qui se cramponne au pouvoir pour être à même de satisfaire ses propres besoins matériels, c'est celui qui aime le pouvoir pour avoir le plaisir de dominer, d'exercer une espèce de sadisme morbide, de montrer ses griffes quand ses propres intérêts sont menacés, de vivre dans le luxe et l'abondance, alors que la nation souffre de misère, c'est en un mot, celui qui, se livrant hypocritement à la démagogie, cache en son sein un mépris latent vis-à-vis du peuple et pourtant pour lui, le patriotisme, c'est gouverner, c'est prétendre être l'incarnation du peuple, son libérateur potentiel, duquel dépend désormais sa survie et sa prospérité, voilà    où aboutit en fait cet esprit malade du pouvoir, autour duquel vivent aussi une poignée de sangsues insatiables ces gens de la haute hiérarchie, qui se croient être au service du peuple, alors qu'ils ne sont là que pour assouvir leurs désirs et accroître leur fortune.

            Oui, le peuple souffre de misère et d'inanition! Le peuple affronte une crise dont vous étiez les vrais responsables! Il est alors grand temps que vous vous réveilliez de votre léthargie et que vous vous mettiez à réfléchir sérieusement sur les problèmes qui vous submergent. C’est de votre faute que le peuple gémit sous  le joug  de l’ignorance et de la misère,oui c’est de votre faute,, puisque vous vous obstinez à rester au pouvoir et à vouloir perpétuer indéfiniment votre mainmise sur les affaires de l'Etat.

            Certes, vous n'avez pas servi le pays avec conscience, vous avez servi plutôt une idéologie, un parti, par le biais duquel vous avez cherché à vous imposer en vous métamorphosant en une oligarchie puissante qui suce les deniers publics, une oligarchie unie, solide, inébranlable, s'organisant autour d'un parti dont toute la force réside en effet dans l'hypocrisie et le mensonge.

            Sinon comment peut-on avoir l'impudence de traiter le peuple comme un troupeau de moutons? Ce peuple qui a donné son sang, son âme pour que le pays renaisse des cendres et des ruines qu'un colonialisme cruel avait semées partout! Ce peuple qui affronte aujourd'hui la misère la plus affreuse, que vous avez provoquée par votre négligence et votre égoïsme! Ce peuple enfin que vous osez prendre pour une bête de somme,  vous nourrit, vous engraisse et même  prêt à donner son sang  pour que vous  viviez ; juguler la presse, source fondamentale de culture et de savoir, avec l'arrière-pensée de vouloir laisser le peuple plonger dans son ignorance et sa faiblesse, majorer  indéfiniment  les impôts pour que le peuple saigne et se tue pour pouvoir s'en acquitter, persécuter inlassablement les vrais nationalistes pour avoir exprimé librement leur opinion sur les affaires qui intéressent la nation,s'emparer de l'appareil judiciaire pour en faire sa propriété exclusive, tordre le cou au parlement en lui intimant l'ordre de se prosterner   devant  vous afin que vous puissiez donner libre cours à l'injustice et à l'abus du pouvoir; s'approprier la richesse du pays en laissant le peuple languir dans la famine, dire enfin que votre règne est celui de la prospérité et de l'opulence, si ce n'est pour vous seuls, vous que le pouvoir a corrompu jusqu'à la moelle,   que le martyre du peuple n'a jamais touché! Vous enfin qui vivez dans la plénitude matérielle et la dépravation! Rassurez-vous, vos jours sont comptés.

                                                                                      Dr..Mohamed Sellam.

                                                                                         Universitaire  à Sfax

                                                                                              021696068585

                                                                                         mardi 26 janvier 2010

                                                                                     

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